• Résister, avancer

    du 21 septembre, lendemain des législatives anticipées en Grèce, au 24 octobre, lendemain de la visite de Hollande à Athènes (dont on ne dira pas un mot ici)

    Hôte ou intrus ? Cygnes d’un hiatus
    Sur la plage de Karystos, un couple de cygnes fréquente ces jour-ci le littoral, attraction de promeneurs qui viennent les nourrir. Une française, qui vit quelques mois par ans dans son appartement ici, sort de son bain de mer. Un gamin de 12 ans s’amuse à viser les cygnes avec des galets, en jouant de ricochets. La française lui crie, en anglais, de les laisser tranquilles. Il répond, dans la même langue, qu’elle n’a rien à lui dire, qu’elle n’est pas chez elle, qu’elle est une étrangère. Elle lui rétorque vivement qu’elle est chez elle ici, puisque ici c’est l’Europe. Il la regarde froidement, et enfourche son vélo... La même française, rencontrée le lendemain à table chez des amis, partage pourtant la dénonciation de son mari du dépeçage de la Grèce par les créanciers. 

    Vient bien à propos ce que cite Jacques Sapir, ci-dessous, de Régis Debray : « La frontière, c’est la modestie : je ne suis pas partout chez moi. J’accepte qu’il y ait de l’autre et pour faire bon accueil à un étranger, il faut avoir une porte à ouvrir et un seuil où se tenir, sinon ce n’est plus un hôte mais un intrus. »

    Mondialisation, souveraineté, nation, accueil : réflexion sur le rôle de la frontière
    Jacques Sapir · 22 octobre 2015
    « Sans l’existence de frontières la distinction entre l’invitant et l’invité cesserait d’exister. Dès lors ne pourrait plus être pensée l’obligation morale qu’il y a à accueillir un étranger poursuivi par un pouvoir tyrannique sur son sol natal, obligation qui – il faut le rappeler – existe dans la déclaration des Droits de l’Homme et dans le préambule de la Constitution en France. Mais, ce que dit Régis Debray va encore plus loin. L’existence de frontières permet de penser la pluralité du monde. Elle s’oppose à la vision unifiante – et terrifiante – de l’empire universel. C’est l’existence de frontières, parce qu’elle permet l’existence de nations, qui permet l’internationalisme et non, comme le confondent beaucoup aujourd’hui, un a-nationalisme, une généralisation du statut d’apatride pour tous. »

     

    L’historien Olivier Delorme introduit deux articles parus le 18 octobre
    19 octobre 2015 Nouvelles du Merkholland

    - Dans la Tribune, celui de Romaric Godin, qui fait part d’une fuite dans un journal allemand, d’un projet de la chancelière allemande qui proposerait à la Grèce de conserver plus de réfugiés sur son sol contre une application moins rigoureuse du mémorandum. Olivier n’y va pas de main morte dans intro : « Depuis quelques jours, la Führerin a manifestement perdu toute retenue. Elle ne s'embarrasse plus guère des apparences, parle au nom de l'Europe, laisse fuiter que si le gouvernement Tsipras acceptait de retenir les migrants elle pourrait se montrer magnanime dans le pillage de la Grèce, s'envole pour Ankara et s'affiche sur un trône à côté du Grand Saigneur Erdogan, annonce des avancées avec la Turquie qui vont redynamiser la candidature turque à l'UE... On savait déjà que cette garce nous ramenait aux années 1930 en imposant la désastreuse politique déflationniste de Brüning qui amena Hitler au pouvoir ; elle nous ramène désormais aux années 1910 et se prend désormais pour Guillaume II visitant le Sultan Abdulhamid. »
    - A Médiapart, celui de Martine Orange, qui présente l'économiste James Galbraith racontant les coulisses du plan B grec. Pour Galbraith, le désastre grec a pour sens : colonisation et liquidation. Pour lui, les 48 projets de loi prioritaires, dictés à Bruxelles et traduits ensuite en grec, sont des réformes construites par les lobbies, chacun d'entre eux voulant sa part. Les dates de fraîcheur du lait ont été repoussées de 3 à 7 jours pour que les entreprises hollandaises puissent exporter leur lait. Les grands groupes pharmaceutiques se sont arrangés pour être avantagés face à l'industrie locale. Les privatisations sont conçues pour créer des monopoles privés pour les entreprises étrangères sur les biens les plus intéressants… Il conclut ainsi son propos : « Pour le peuple grec, ce contrat est illégitime. Il lui a été imposé par coercition. Cela m’étonnerait qu’il n’y ait pas de résistance passive, voire active de la population. La rue est toujours là. » Olivier donne de larges extraits de l’article dans son papier, pour ceux qui ne sont pas abonnés à Mediapart.

     

    La Monnaie, l’Euro et les monnaies parallèles
    Par Jacques Sapir · 18 octobre 2015
    A partir d’une explication minutieuse de ce qu’est la monnaie (bien plus qu’un système de paiements et de transactions : une réserve de valeur pour l’épargne, un puissant facteur de production dans une économie où le crédit est la règle et non l’exception, une dette…), Sapir dénonce les graves abandons de souveraineté qu’a impliqué la construction de la zone euro, et conclut : « le fondement de TOUTE démocratie réside dans le fait que la représentation du peuple, le Parlement, doit avoir – et lui seul – le dernier mot en matière de budget et d’impôt. Nous sommes donc revenus à un état de la situation d’avant 1789. Le lien entre le citoyen et le contribuable a été rompu. »

     

    Genèse et actualité des crises grecques – Analyse des causes, des mécanismes et des conséquences
    Par Jacques Sapir · 16 octobre 2015

    Jacques Sapir nous donne à voir sous un angle inédit la structure et la nature intrinsèque de l’identité économique et politique de la Grèce, en abordant l’analyse géostratégique de ce pays éclairée autour de deux axes essentiels de l’histoire de cette nation :
    - La position de la Grèce est exceptionnelle en ceci qu’elle appartient à la fois aux Balkans, et les guerres balkaniques du début du XXème siècle ont marqué son histoire, mais qu’elle occupe aussi une position stratégique dans le bassin oriental de la Méditerranée. L’opposition avec la Turquie, ancienne puissance colonisatrice, a aussi marqué son histoire.
    - La question de la genèse de l’Etat nous invite à réfléchir sur l’inachèvement de l’état grec. La Grèce est un pays récent, issu de la guerre d’indépendance de 1829. L’intervention des « grandes puissances » (la Grande Bretagne, la France et la Russie) a été décisive dans cette indépendance. Mais, il en a résulté une situation particulière avec un Etat qui n’a pu achever sa construction et des liens très étroits qui sont restés entre l’élite grecque est les « grandes puissances ».

     

    Podémos : quelle est la particularité espagnole ?
    Le phénomène Podemos : Du rêve à la réalité, Gérard Prévost, le 08/09/2015

    Par une analyse historique peu commune de l’après franquisme pour éclairer la particularité du paysage politique en Espagne, Gérard Prévost tente d’expliquer, entre autres :
    - les raisons du développement de Podemos,
    - celles qui le ramènent progressivement aux alentours de 12 à 13 % lors des prochaines élections générales de Décembre, tendance qui semble se confirmer dans une série de sondages où l’on retrouve un étiage pas très éloigné de ce que peut réaliser en France le « Front de Gauche » dans ces meilleurs moments
    - et celles qui ont fait que la plateforme constituée avec Podemos pour l’élection régionale en Catalogne n’a pas dépassé 10 %.
    A lire également les commentaires sur son blog Mediapart

    Xavier Mathieu au Grand Journal : “J’ai été pacifiste toute ma vie. Mais je n’y crois plus”
    le 12 octobre 2015
    Mathieu Dejean : « L’ancien délégué syndical de la CGT de Continental à Clairoix, devenu comédien, Xavier Mathieu, était l’invité du Grand Journal de Canal + ce 12 octobre, pour débattre de la situation à Air France, et des fameuses chemises arrachées à deux dirigeants de l’entreprise.
    Passablement énervé par la manière dont le sujet a été traité en général dans les médias, selon lui systématiquement en défaveur des salariés licenciés – qualifiés de “voyous” par Manuel Valls -, il a tenu à rendre “hommage à la classe ouvrière”.
    Interrogé sur l’usage de la violence par les salariés, il affirme : “J’ai été un pacifiste toute ma vie. Mais malheureusement je n’y crois plus. […] Les puissants n’ont peur que de la violence”. Et rappelle que la violence du capital sur le monde du travail existe aussi bel et bien : “Cinq Contis se sont suicidés [suite aux licenciements dans l’usine de Clairoix dans le cadre d’une délocalisation, ndlr]. C’est quoi ça, c’est rien ?”
    A 11 minutes 55, il conclut, en référence aux propos de Maïtena Biranen concernant le FN : “C’est un autre discours de vérité”. »
    Regardez la video à partir de la minute 2

     

    ... et sur le même sujet, "Donne-nous un peu d'air, France!" coup de gueule de mon ami Thierry, sur Troll

    Mercredi 14 octobre, sur le Petit monde de Troll

    Télécharger « donne-nous un d'air France.pdf »

     

    Conférence de presse pour un plan B en Europe

    7 oct. 2015 - YOUTUBE version française (avec interprétation)Suite à l'intervention de François Hollande et Angela Merkel devant le Parlement Européen, les députés européen de cinq pays (Allemagne, Espagne, France, Grèce, République Tchèque), signataires de l'appel pour un plan B en Europe, ont rappelé qu'il existait une alternative face à l'Europe austéritaire.

    Cette conférence de presse se situe dans le cadre d’une conférence permanente qui regroupera des élus politiques, des personnalités du monde social, des syndicalistes, des intellectuels, des économistes, avec comme but de représenter des alternatives aux politiques austéritaires de l’Europe. Le premier temps fort de cette conférence se tiendra à Paris les 14 et 15 novembre prochain.

     

    L’historien Olivier Delorme

    dans son billet du 6 octobre, revisite les péripéties d’un été grec 2015, et conclue ainsi ses « chroniques nisyriotes » :

    « Là-dessus se terminent les chroniques nisyriotes d'un drôle d'été 2015 qui, l'avenir nous le dira, sera peut-être un point de bascule de l'histoire des peuples européens. La révélation du vrai visage, totalitaire, de l'Union européenne et du néo-impérialisme allemand ne resteront pas, j'en suis convaincu, sans conséquence. La poussée historique de la gauche anti-austérité et anti-euro, hier, au Portugal, provoque le recul de la droite de collaboration et met dans l'obligation, une fois de plus, les "socialistes" locaux de choisir entre le peuple et l'intérêt national, ou le soutien (actif ou passif) à la droite au nom de l'Europe. Ces combinaisons dites d'union nationale prolongent un statu quo intenable. Elles auront une fin. La question, à mes yeux, est de savoir, désormais, si cette fin peut encore passer par les voies de la démocratie parlementaire que l'Europe et le néo-impérialisme allemand ont vidé de tout contenu et de toute réalité. Ou si elle passeront par un processus révolutionnaire. »

     

    Mon cher petit Zeev - Une lettre de Grèce
    20 septembre 2015 | Par Naruna Kaplan de Macedo
    Lettre tendre et implacable à son fils, d’une mère en vacances en Grèce pendant le grand tournant.. Qu’est-ce que résister, avancer ?
     

    L'Europe de Yanis Varoufakis
    Varoufakis était le 25 septembre l'invité de Mediapart pour une série d'entretiens.
    Les videos sont disponible sur YouTube.
    Dans un premier temps, Varoufakis a été interrogé par la rédaction de Mediapart sur les leçons a tirer des élections du 20 septembre et sur sa vision de l’Europe politique et économique.
    Dans un second temps, Thomas Coutrot, économiste, membre d'Attac France, Aurore Lalucq, économiste, codirectrice de l'Institut Veblen, et Michel Feher, philosophe, ont dialogué avec Varoufakis sur le thème : le plan B, c'est quoi ?

    Bric-à-brac
    GreekCrisis - 28 septembre 2015
    Dans son billet émouvant plus que jamais, Panagiotis décrit pêle-mêle, le transit par la Grèce des réfugiés, « nouveaux argonautes », la vie au ralenti en Thessalie profonde, ce qui se dit de la coopération entre Washington et Athènes, et termine son billet en évoquant le poète Elytis : « … le point extrême de la terre dans la mer, de la vie dans la mort, la fin d'une époque dans une autre... »”, « … Je ne suis pas né pour appartenir quelque part ».


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