• Gouverner à gauche : l’Éducation un sujet central

    "L’Éducation est un sujet central lorsqu’il s’agit de gouverner à gauche"

    Catherina Thanopoulou, candidate de Siriza aux régionales, rapporteuse sur des thèmes touchant à l'essence de l’Éducation, interviewée par Panagiotis Grigoriou - l’essentiel

    Le 25 mai, en Grèce, élection triple : européenne, comme ailleurs en Europe, mais également municipales et régionales. Dans le cadre de la campagne électorale : interview de Catherina Thanopoulou, enseignante spécialisée élèves souffrant d’un handicap, professeur de mathématiques dans l’enseignement secondaire public, militante de SYRIZA, responsable et rapporteuse sur des thèmes touchant à l'essence de l’Éducation – par Panagiotis Grigoriou, sur son blog http://www.greekcrisis.fr/2014/05/Fr0346.html#deb

    En voici les extraits qui m’ont paru pouvoir retenir plus particulièrement l’attention des lecteurs de mon blog qui ont manifesté leur intérêt lors de la réunion organisée aux Cemea le 3 avril, et où les échanges ont principalement porté sur les questions d’éducation et de culture.

     

    Changer de majorité gouvernementale, de culture, de civilisation : il va falloir redéfinir les institutions, dans la longue durée, parmi les acteurs de l’Éducation, et chez les parents et les élèves.

    La première nécessité consiste à faire dégager les gouvernants actuels. Car au fil des jours et des mois, la catastrophe sociale gagne en ampleur, et autant la vassalisation du pays et de sa politique.

    Les élections européennes de ce mois de mai devraient pouvoir constituer l’amorce d’un changement de cap pour ce qui est des tenants politiques dans la gestion catastrophique actuelle. L’architecture, la structuration de l’UE du moment, ne laissent guère de place à une politique qui prendrait d’abord en compte les intérêts du plus grand nombre, des peuples, en Grèce et ailleurs : l’assemblage de la zone Euro doit être revu, et autant celui de l’UE.

    Concernant les coups portés au corps social, si violents et en si peu de temps, sans répit aucun, comme ces lois du mémorandum : nos positions de base ne doivent pas être oubliées, notamment celle qui consiste à mettre en œuvre l’annulation pure et simple du mémorandum ou l’annulation d’une bonne partie de la dette. En même temps, il va falloir reconstruire l’économie grecque, restituer ses moyens de production et évidement, autant reconstruire notre terrain culturel.

    Un paramètre crucial entre en ligne de compte : le peuple et sa conscience, sa détermination, ses représentations. Les cultures maladives du clientélisme, des partis comme de l’État clientéliste devront cesser. Les peuples doivent prendre leur destin en main, comprendre enfin que sans leur participation rien ne se fera et que la solution dite “individuelle” est une illusion.

    Le temps de la passivité est terminé ; il faut le dire et surtout faire de la sorte pour que cela se pratique enfin à tout degré, dans les quartiers, à travers le tissu associatif entre autres.

    Si cela ne se produit pas, tous les scenarii seront alors possibles, entend-on souvent dire, et que des glissements violents vers une autre situation seraient à craindre. Ces “présomptions” relèvent plutôt des phobies orchestrées, dans le but de contrôler les citoyens dans leurs réactions. Je n’entrerai donc pas dans ce processus de l’amplification du sentiment de la peur. Bien au contraire, un homme ou une femme qui participe du fait politique et social de son pays, devrait plutôt amplifier l’espoir. Une aspiration alors active, au moyen de la participation et de la praxis, loin, très loin de la peur.

    L’Éducation est un sujet central lorsqu’il s’agit de gouverner à gauche. L’Éducation, la pratique Paideia, sont d’emblée en mesure d’instaurer avant l’heure même, le changement social en perpétuelle gestation. Pour les jeunes gens, cette formation par l’Éducation se fera de toute manière : tantôt systémique, tantôt, si possible, d’après un système de valeurs...

    Un nouveau modèle d’éducation est nécessaire, en se référant à d’autres valeurs, à une autre philosophie

    Des mesures ayant des effets à très court terme et qui arrêteront en premier lieu la catastrophe sociale actuelle, c'est-à-dire, la désintégration de la société : réouverture des écoles fermées, libre accès à la connaissance et autant, distribution de repas dans les écoles.

    De très nombreux enfants en sont concernés par la malnutrition, et par l’abandon des études de plus en plus fréquent au niveau secondaire, voire, dès le primaire pour certains enfants. Les malaises pendant les cours se multiplient chez les élèves. L’enseignant, par la force des choses, devient aussi psychologue, infirmier, conseiller ; il incarne à lui tout seul, toute cet éventail des compétences dont le ministère dépossède en ce moment cruellement l’école grecque. De nombreuses familles, enfants compris, ne sont plus couvertes par le Sécurité Sociale ; et il s’agit subséquemment d’une population rejetée, exclue. Là justement, il va falloir stopper l’hémorragie sociale.

    La culture constitue cette autre part du triptyque. Il s’agit de l’assise civilisationnelle même d’une société. Réactivation (et réactualisation) de la mémoire historique à travers l’enseignement, “reculturer” l’école et la société, en commençant par nos quartiers par des pratiques du quotidien. Promouvoir une culture populaire, cette expression à travers les besoins et les représentations des gens, plutôt que de reproduire des formes culturelles imposées par les élites. Travailler sur les façons d’agir, de s’exprimer, de s’ouvrir à autrui, et donc, d’être ensemble.

    Par le biais du théâtre, mais pas uniquement (nous avons par exemple aussi articulé certains débats politiques autour d’expositions d’art plastique, de la sculpture notamment). Par exemple, “conjuguer” la culture à l’action politique, comme le font des comédiens à Athènes, Théâtre de rue mettant en scène Aristophane : Ploutos - le dieu de la richesse, la Pénia - la paupérisation, le délateur professionnel - figure du fasciste.

    La fascisation fait désormais partie du quotidien des écoles. Le fascisme au quotidien véhicule si j’ose dire sa propre éducation et même sa “Paideia” et donc il ne faut plus fermer les yeux.

    (fin des extraits de l’interview que vous pouvez lire dans son intégralité au lien indiqué au début de cet article).

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    J’ai rencontré Panagiotis Grigoriou vendredi dernier à Athènes, et vais le revoir dans quelques jours, sur le bateau. Rencontre passionnante. Les échanges ont tourné autour de ses préoccupations, que l’on peut lire dans son blog et dans son livre.

    La spécialité de Panagiotis est le quotidien de la guerre, celle de 14 ; cela m’a permis de mieux comprendre son intérêt pour le quotidien de la crise grecque. Mais Panagiotis exprime l’inconfort et l’insatisfaction qui résulte de ce travail : son quotidien et son travail intellectuel sont pétris des mêmes problématiques, impossible de prendre de la distance, de souffler, de se ressourcer.

    Il confirme qu’après le 25 mai, certaines municipalités et régions pourraient être gouvernées par SYRIZA, et que la mise en œuvre d’idées comme celle de la personne interviewée puissent être tentées. Il connaît personnellement Catherine Thanopoulou, et se propose de me la faire rencontrer à l’issue des élections.

    Pourrait alors s’envisager une coopération avec les Ceméa, dans le prolongement des questions abordées le 3 avril, comme : les nouvelles solidarités qui pourraient se constituer face au démantèlement des structures sociales, les moyens d’éducation citoyenne, qui pourraient permettre à terme aux jeunes de prendre en main l’avenir de leur pays, et l’action culturelle comme levier, principalement à travers le travail des acteurs.

     

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    Ce premier mois de printemps en Grèce a été occupé par la mise à jour du bateau, mais également par la prise de repères pour une nouvelle tranche de vie pour son propriétaire.

    Sous peu, deux autres articles sur le blog de Fulmar, moins sévères : le point sur la recherche d’une location collective sur l’île d’Eubée, projet qui concerne certains d’entre-vous, mais qui reste ouvert – et bien entendu, le point sur le projet de navigation 2014 et la constitution des équipages.

     

    Roland

     


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